Un whisky et un semi-repos

Après une journée de travail Malvina était partie de l'Anima Nocturna, avait quitté le Chemin de Traverse pour se rendre au Chaudron Baveur, histoire de se mêler aux sorciers et aux Moldus tous confondus. Elle, elle n'avait pas vraiment quelque chose contre les Moldus, c'est pour cela que quelque fois elle se rendait ici, histoire de boire un verre de Whisky Pur-Feu et de passer une heure ou deux à observer les échanges entre les personnes présentes en ces lieux. Elle entra dans l'établissement, commanda un Whisky et alla prendre place à une table vide au fond de la salle en retrait. De là elle pourrait sans doute observer à loisir, sans que l'on pose un regard interrogateur sur elle. Au bout de quelques minutes sa commanda arrive. Elle remercia le serveur, puis se saisit lentement de son verre en le portant à ses lèvres. Elle laissa glisser le liquide dans sa gorge, ce qui la brûlait légèrement, mais elle y était habituée.

Parmi la foule, il n'y avait pas de tête qu'elle reconnaissait. En même, les têtes qu'elle voyait le plus étaient celles d'adeptes de la Magie Noire, ou alors des pseudos adeptes qui venaient à la boutique de Sarah pour des plantes, des grimoires et divers objet servant à la Magie Noire ou d'autres. En ce qui concernait la Magie Noire, l'Anima Nocturna et sa tenancière se faisait particulièrement discrète, ne voulant pas voir débarquer la Brigade Magique ou encore des Aurors. La Magie Noire était très mal vue, Malvina le savait pertinemment, mais cela ne l'empêchait pas de penser à y toucher de temps à autre, ou encore de vendre des articles à cet effet. Une autre gorgée de Whisky Pur-Feu coula en suivant le tracé de son œsophage. Le verre reprit alors sa place sur la table, et le regard de la jeune femme continuait de se balader sur les clients du Chaudron Baveur, tout en étant dans ses pensées.

Aaron était sortit très rapidement du Ministère de la Magie. Il fallait qu’il change d’air sinon il allait finir par faire une grosse connerie. L’Auror connaissait heureusement ses limites et savait quand il devait s’éloigner pour ne pas s’en prendre à tout ce qui pouvait alors lui passer sous la main, les colères du jeune homme étant parfois relativement dévastatrices, bien qu’elles fussent tout le temps en l’absence de témoins et chez lui. Seule sa sœur avait une idée de ce qui pouvait se passer, car elle était une fois arrivée juste après l’une de ses montées de sang alors qu’il n’avait pas encore pu ranger les conséquences de sa rage soudaine. Aaron était un sanguin et ne cachait jamais ce qu’il pensait, au moins, avec lui, on savait à quoi s’en tenir…

L’air frais de l’extérieur lui fit le plus grand bien. Jetant un regard aux alentours, il fit le tour du pâté de maison voisin et se dirigea vers l’endroit où il avait laissé son bolide à deux roues. Enfilant son casque et fermant son blouson, il démarra et fonça à toute allure dans les rues de Londres. Il fallait qu’il s’éloigne au plus vite, ne plus voir le bâtiment qui abritait le Ministère dans ses rétroviseurs le soulageait… A mieux y réfléchir, il avait peut-être été bête de quitter la salle sur un coup de tête, mais il fallait qu’il parte où il risquait d’y avoir quelques coups échangés, et même s’il savait qu’il ne faisait pas forcément le poids face à Bob, il préférait ne pas l’affronter, après tout ils étaient collègues et il était hors de question qu’ils commencent à se taper dessus, surtout avec ce qui courrait dans la nature… Ils n’avaient pas besoin d’une lutte interne.

Ne savant trop où aller, Aaron s’était laissé guidé par son instant et avait fini par tomber devant le Chaudron Baveur… L’idée d’aller boire un verre lui parut une bonne idée et il arrêta donc sa moto devant le bar, avant d’en descendre et de rentrer à l’intérieur. Il n’y avait pas beaucoup de monde et sans même regarder autre part que le comptoir, Aaron s’y dirigea, commandant un verre de lait au barman, lui faisant comprendre d’un regard qu’il n’avait pas intérêt de blaguer. Une fois servi, il s’installa sur un tabouret et but une gorgée de son verre avant de le reposer et d’essayer de se calmer encore un peu.

Le verre de whisky Pur-Feu fut une énième fois porté aux lèvres de la jeune femme, laissant alors couler la dernière gorgée. Il reprit sa place sur la table, tournant entre les doigts de la jeune femme qui avait le regard fixé sur le verre, mais dont l’esprit semblait ailleurs. Puis son regard quitta le verre pour se balader sur le comptoir du bar. Elle fût tirée de ses rêveries lorsque ses yeux se posèrent dans le dos d’un jeune homme. Plissant les yeux, elle se disait que cette personne lui disait quelque chose. Elle avait vaguement aperçut son visage lorsqu’il était entré.

Un œil sur son verre vide, elle finit par se lever et se diriger vers le bar. Posant le verre sur le comptoir du bar, elle jeta un rapide coup d’œil furtif sur le contenant du verre que l’individu à côté d’elle avait commandé. Du lait…on servait ça dans les bars ? Etrange… Enfin, il faut de tout pour faire un monde !

"Un autre verre s’il vous plaît" dit-elle au barman.

Ce dernier s’empressa de se saisir du verre, pour lui en servir un autre. Malvina prit place sur le tabouret qui était à côté du jeune homme un regard en coin sur l’individu, la jeune femme n’arrivait plus à mettre un nom sur ce visage. Pourtant elle avait dû le voir assez souvent, elle devrait donc pouvoir s’en souvenir tout de même ! Son verre finit par lui arriver, et elle s’en saisit à peine posé sur le bar. Elle en bu une fine gorgée puis le reposa. Un autre regard en coin. Décidemment cette tête lui disait quelque chose, mais vraiment elle n’arrivait pas à remettre un nom. Puis elle finit par regarder son verre, sans ajouter un autre regard furtif envers le jeune homme. Cela lui reviendra peut-être plus tard se dit-elle.

Décidemment, Aaron se demandait s’il n’avait pas des origines espagnoles, portugaises voir latines cachées car il était bien difficile pour lui de se calmer… Après tout, qu’elle idée avait eu Bob de raconter ces âneries ? Sérieusement ! C’était vraiment du n’importe quoi. Après tout, bien sûr, Sa Majesté la Reine, puisse Dieu la sauver, n’avait qu’à décider de nous exterminer tous sans exception, ce serait bien plus facile. Et puis comme ça plus de soucis avec les Sorciers, plus besoin de les surveiller comme des souris en cage… Non mais vraiment ! Incroyable… Le jeune Auror se demandait s’il n’aurait pas été plus simple d’être dans la situation inverse, une situation où les Sorciers auraient été en majorité et les autres, sans pouvoirs, auraient été parqués dans un endroit, sous surveillance, pour être sûr qu’ils n’emmerdent pas le monde comme ils le faisaient aujourd’hui.

Alors qu’il s’énervait intérieurement, produisant ainsi l’effet inverse de ce qu’il avait espéré, c'est-à-dire, se calmer, Aaron paraissait plus que calme extérieurement. Aucun tic, aucun geste ne pouvait trahir sa colère. Pourtant il avait remarqué la jeune femme qui s’était installée à côté de lui, redemandant un verre de ce qu’elle avait déjà commandé auparavant. Il aurait d’ailleurs fallu être aveugle pour ne pas remarquer ses regards furtifs en sa direction. Cherchait-elle à le reconnaitre ou était-elle animée par d’autres choses ? A dire vrai, il n’en avait strictement rien à faire… Il n’était vraiment pas d’humeur, et même boire un verre, ne le calmait pas. Une chose bien rare. Soufflant doucement un petit coup, il essaya d’évacuer la rancune qui s’était accumulée et s’évertua à penser à autre chose.

C’est pourquoi il songea à sa sœur. S’il y avait bien une chose qui pouvait le calmer, c’était bien ça. Bien sur, c’était à double tranchant, car elle savait aussi l’énerver, et surtout lorsqu’ils discutaient petits copains et petites amies, mais dans la plupart des cas, elle était sa bride. C’était elle qui parvenait à le faire revenir à la raison et au calme. Une sorte de tranquillisant en somme, elle savait apaiser son cœur et modérer ses ardeurs même s’il n’avait jamais su comment. Elle avait toujours été là, ou presque, lors de ses élans de colère et l’avait toujours bridé, mis fin prématurément à ce qui aurait pu être une colère monumentale. Et à bien y réfléchir, il ne s’énervait vraiment fort que lorsqu’elle était loin, incapable d’intervenir auprès de lui…

A présent purgé de ses émotions rebelles, il s’était enfin calmé. Reprenant le verre de lait dans ses mains, il en but deux grandes gorgées avant de se souvenir que quelqu’un se trouvait à côté de lui. Il se souvint également qu’elle n’avait cessé de lui jeter des regards en coin. La colère passée, il était animé d’un sentiment de curiosité par rapport à ce qui motivait les intentions de cette femme. Alors, sans quitter son verre du regard, verre qu’il tenait entre ses deux mains à quelques centimètres du comptoir, il dit :

« - J’ai l’air de vous rappeler quelqu’un ou alors je vous ai tapé dans l’œil, je dois opter pour quelle réponse ? »

Le ton était léger et ne se voulait aucunement macho, c’était juste sa façon de faire…

Elle se demandait bien à quoi il pouvait penser en contemplant son verre de…lait. Ressassait-il des souvenirs plus ou moins douloureux comme elle ? Ou pensait-il à d’autres choses ? Elle l’ignorait, et peut-être que ce n’était pas ses affaires non plus. C’était sûr en fait même. Avait-il remarqué la présence de la jeune femme ? Ou au moins le fait qu’elle lui jetait des coups d’œil répétitifs ? Elle se fichait bien de la première option, mais la deuxième serait un peu ennuyante, il faudrait donc qu’elle s’explique sans doute. Elle décida donc d’arrêter ses coups d’œil, histoire de ne pas éveiller plus que ça la curiosité du jeune homme, dont le visage lui disait quelque chose, mais elle n’arrivait pas à remettre un nom dessus.

Elle prit le verre que lui avait apporté le barman et l’avait bu d’une traite en demandant cette fois-ci une bierraubeurre. Cela la changerait du Whisky Pur-Feu. Certaines personnes ne supportaient pas cet alcool car il était très très fort. Mais cela ne dérangeait en aucune manière la jeune femme, seulement elle avait des limites. Deux ou trois whisky comme celui-ci lui suffisant amplement. Le serveur lui apporta donc une chope de bieraubeurre qu’il posa sur le comptoir. La jeune femme saisit alors son anse et la porta à ses lèvres. Elle en but une gorgée puis la reposa délicatement. Elle cherchait toujours dans ses souvenirs où elle avait vu ce jeune homme. Pourtant cela ne faisait pas longtemps, mais difficile de se rappeler. Elle avait le nom sur le bout de la langue, mais impossible de remettre la main dessus.

Puis une voix masculine la sortit de ses souvenirs. C’était le jeune homme à côté d’elle, celui qu’elle avait observé un nombre incalculable de fois depuis quelques minutes qui lui adressait la parole. Par la barbe de Merlin, elle s’était faite repérée ! Elle qui pensait avoir été assez discrète, c’était raté. Il ne posait pas de regard sur elle, tout en parlant. Il fixait son verre de lait, imperturbable. Malvina resta silencieuse un instant, posant son regard sur lui.

"Euh excusez-moi mais… votre visage ne m’est pas inconnu, mais malheureusement je n’ai pas vraiment la mémoire des noms, pardonnez-moi" dit-elle légèrement confuse.

Elle espérait qu’il ne le prenne pas mal.En même temps, cela pouvait être les deux options à la fois, qui sait ? ...

Sa petite question lancée dans la discussion, Aaron reposa son verre de lait et chercha son paquet de cigarettes dans l’une de ses poches. Une fois dans ses mains, il en sortit une et la plaça entre ses lèvres avant de ranger son paquet et de chercher son briquet. Allumant sa cigarette, il n’en proposa pas à son « amie » à côté d’elle pour la simple et bonne raison qu’il considérait la cigarette comme quelque chose de néfaste mais dont il n’arrivait pas à se séparer. D’autant qu’en ce moment, un peu de nicotine ne pouvait que lui faire du bien, dans la mesure où cela le calmerait un peu. La cigarette était l’un de ses travers mais même s’il avait essayé d’arrêter, il n’avait jamais su se retenir plus d’un mois.

Tirant la première bouffée de son sédatif aussi mortel qu’apaisant, il sentit le regard de sa voisine sur lui. Pensant d’abord qu’elle allait lui faire une remarque concernant la cigarette, il fut étonné de voir qu’elle répondait directement à la question qu’il avait lancé juste pour la forme. Alors ainsi il lui rappelait vraiment quelqu’un ? Bigre… Aaron n’avait pas un physique commun, rien que part sa couleur de peau, plus mate et foncée que celle des Londoniens classiques, de part ses origines. Alors voir quelqu’un qui pensait l’avoir déjà vu quelque part était une première. Enfin, peut-être la mémoire lui reviendrait-elle et elle se souviendrait où elle l’avait vu. Alors elle réengagerait la discussion, à bien y réfléchir se serait même un bon prétexte pour se mettre à le draguer. Mais alors qu’il réfléchissait à cette éventualité, il songea aussitôt à sa sœur, véritable enquêtrice, lorsqu’il s’agissait de juger les petites amies de son frère. Il n’était pas vraiment contre, après tout, il le lui rendait très bien.

Continuant à tirer sur sa cigarette, il n’avait toujours pas daigné se tourner vers l’inconnue. Après tout, il n’était pas d’humeur encline à la séduction ce soir, alors à quoi bon ? Buvant une nouvelle gorgée de son verre de lait, Aaron regardait droit devant lui, ses yeux se perdant sur tout ce qui passait dans son champ de vision. Puis, après tout… Pourquoi ne pas se changer les idées ? Déposant son verre de lait, il tourna finalement la tête vers la jeune femme à côté de lui :

« - Pourquoi vous excuser ? Je ne crois pas qu’il soit illégal de regarder des gens, même en coin. Mais je serai curieux de savoir où vous pensez m’avoir déjà vu… »

Cette façon d’ignorer les gens, beaucoup de personnes trouveraient ça exaspérant et sortiraient de leurs gonds. Seulement Malvina savait se contenir, et ne pas montrer son mécontentement. Le jeune homme avait reposé son verre pour tirer un paquet de cigarettes de sa poche et en alluma une. La politesse aurait été de proposer, même si la jeune femme l’aurait remerciée et aurait décliné l’offre. C’aurait été la moindre des choses en somme. Bref, passons, apparemment cela n’était pas le fort du jeune homme, la politesse. Malvina eut un sourire intérieur ironique. Ah le tabac, quel poison si lent à tuer, il s’insinue dans les poumons et les noircit, jusqu’à déclencher un cancer d’une longue et lente agonie, jusqu’à ce que mort s’en suive.

Elle n’en avait pas l’air comme ça, mais Malvina cherchait encore et encore dans les méandres de ses souvenirs qui était ce jeune homme. Elle se souvint de cette manie de boire du lait. Un jeune garçon de l’école le faisait constamment à chaque sortie à Pré au Lard. Oh oui, elle aurait dû s’en douter que c’était lui. Seulement elle n’en était pas encore sûre, le doute planait si intensément encore. Elle se rappelait petit à petit du contexte, mais pas de l’identité du jeune homme encore. Il continuait de fumer sa cigarette sans lui prêter une grande attention. Ce n’est pas grave, il finirait bien par poser son regard sur elle, c’était certain. Qui pouvait soutenir une discussion sans avoir jeté une seule fois son regard sur son interlocuteur ? A part, le téléphone entendons-nous bien. Une autre gorgée de lait, pas un seul regard. Puis il se décida enfin à la regarder, tout en prenant la parole. Cette fois-ci, Malvina toisa ce regard si clair. Plissant les yeux, elle fixait ces iris qui semblaient cristallines. Il était curieux de savoir où elle l’avait connu ? Soit, elle allait lui exposer quelque chose.

"Je dirais… Poudlard…mais ce que je sais, c’est que vous ne faisiez pas partit des Serpentard, sinon je m’en serai souvenue sans mal…" dit-elle avec un rictus en coin.

Elle se demandait si cela allait-lui mettre la puce à l’oreille ou non. Enfin, attendons de voir, avant de révéler son identité…

Aaron n’était pas du genre à ignorer les gens sciemment mais dans le cas présent, il n’avait pas vraiment été d’humeur à engager une discussion des plus divertissantes que ce soit avec sa voisine de tabouret actuelle ou bien une tout autre personne. Mais à dire vrai, sa colère s’était maintenant estompée, laissant place à l’idée de pouvoir passer un petit moment tranquille loin du stress du bureau et de l’esprit mal placé de certains de ses collègues… Terminant sa cigarette, il écrasa le mégot dans le cendrier à portée de main et but une nouvelle gorgée de lait, terminant de ce même fait, son verre. Il n’en recommanda pas un autre, il n’avait plus vraiment soif. Il attendait maintenant sa réponse, mais à dire vrai, il se doutait déjà un peu de la réponse. En effet, la majeure partie des connaissances qu’il croisait dans la rues et qui le reconnaissaient ne provenaient que d’un seul et même endroit… Poudlard. Et comme en écho à ses pensées, la jeune femme confirma son intuition. Elle rajouta de plus qu’il ne pouvait pas être de la Maison Serpentard.

La logique coulait de source, elle était elle-même une ancienne Serpentard. A vrai dire, Aaron ne pouvait pas non plus mettre de nom sur la jeune femme, mais il n’en avait pas vraiment grand intérêt. Il avait rencontré tellement de personnes à Poudlard que lorsque l’une d’elles le reconnaissait dans la rue, il était incapable de savoir qui c’était avant qu’elle ne se présente. Concurrents du Club de Duel de l’Ecole, simples camarades de la Maison Gryffondor… Il y avait tellement de possibilités qu’Aaron ne cherchait même pas à toutes les énumérer pour mettre la main sur le nom de son interlocuteur. La discussion ferait qu’elle apprendrait son nom et qu’il apprendrait le sien alors pourquoi se perdre dans les méandres de la mémoire ?

« - Définitivement pas membre de cette Maison, je préférais les couleurs chaudes comme le Rouge et l’Or. Mais si vous m’avez effectivement rencontré à Poudlard, autant dire que vous cherchez une aiguille dans une botte de foin… Les rencontres à l’Ecole des Sorciers est ce qu’il y a généralement de plus banal, enfin, cela dépend encore du type de rencontre, je l’admet. »

Il retourna la tête vers le bar et posa son regard sur son verre vide… En effet, des gens qui buvaient du lait n’étaient pas courant. Et, à Poudlard, il avait déjà cette manie, dont il ne connaissait plus le fondement.

« - Maintenant, des gens qui boivent du lait lorsqu’ils sont dans un bar… Je ne crois pas en connaître beaucoup. »

Du lait… ne buvait-il que cela ? On aurait dit un vrai chat. Il était étrange, mais il lui rappelait de plus en plus quelqu’un. Ah quand un nom est sur le bout de votre langue et que vous n’arrivez pas à le faire sortir, il y aurait de quoi être frustré. Oui il ne pouvait s’agir que de la grande école qu’était Poudlard. Cela aurait pu tout aussi bien être une rencontre dans la rue, seulement, même en le regardant en ce moment même, si cela avait été le cas, elle ne l’aurait sans doute pas reconnu. Alors que l’ayant peut-être côtoyé pendant sept années consécutives, là oui elle avait raison de dire qu’elle devait se souvenir de lui.

A l’instant où elle avait perçut la couleur des yeux du jeune homme, Malvina plissa les yeux, un léger rictus au coin de ses lèvres. Ce regard, elle le connaissait. C’est comme cela qu’elle retenait la plus part du temps, en se servant des yeux, lorsque la mémoire des noms lui faisait défaut. Il était de Gryffondor, tiens donc. Cela étayait les informations qu’elle rassemblait en sa mémoire. Il y avait un Gryffondor en particulier, avec qui elle avait été en concurrence très tôt. Quelque chose lui disait ce c’était lui.

"Oui, mais personne ne peut posséder un regard semblable à celui d’une autre personne. Pour me rappeler des gens j’observe leur regard quand leur nom ne peut franchir le seuil de mes lèvres. Et vos yeux me disent vaguement quelque chose. Et non ce n’est pas une technique de drague au cas où vous le penseriez, je préfère vous le dire d’emblée" dit-elle avec un léger sourire.

Il la quitta du regard et fixait son verre vide. Se demandait-il s’il allait recommander la même chose ou non ? Peut-être, peut-être pas. Elle l’ignorait et ne lisait pas dans les pensées.

"Il est vrai que voir quelqu’un consommer du lait dans un bar, au lieu d’un quelconque alcool, cela peut paraître étrange et rappeler des souvenirs…" lâcha t-elle doucement.

"Vous me rappelez un jeune homme avec qui j’étais en concurrence tout au long de ma scolarité. On cherchait toujours à savoir qui était le meilleur dans telle ou telle matière…" dit-elle, pensive.

A dire vrai, au fur et à mesure que la discussion s’avançait, l’intérêt pour elle d’Aaron augmentait petit à petit. Car s’il n’avait eu aucune envie de discuter de prime abord, cela devenait presque une sorte de jeu pour lui. Savoir qui pouvait bien être cette jeune femme qui l’avait abordé sans aucune vergogne était maintenant une sorte de priorité. Il ressassait sans cesse les souvenirs qu’il avait de Poudlard, mais il y avait peu de chance pour qu’il se souvienne du physique d’une élève en particulier. Certes il était déjà beau garçon à l’époque, mais il préférait passer son temps à chaperonner sa sœur et faire des duels que de courir après des filles qui venaient de toute façon vers lui. Une réflexion un peu machiste mais qui, dans l’ensemble, était pourtant vraie. Même s’il ne s’attribuait pas le titre de « tombeur de filles », il avait, déjà à l’époque, une certaine facilité dans ce domaine, comme dans la plupart des matières à Poudlard.

Ce qu’elle dit ensuite fut encore plus troublant. Certes ajouter derechef qu’elle ne cherchait pas à le draguer le fit sourire intérieurement. Mais il ne pensait pas que certaines personnes pouvaient se focaliser sur les yeux pour reconnaitre les autres. C’était une chose à retenir, qui pouvait s’avérer utile, surtout pour un Auror. Il se demandait si le lait ne pouvait pas la guider davantage, après tout, il n’y avait surement pas beaucoup de monde à Poudlard qui avait cette curieuse habitude, et, à vrai dire, il ne savait pas lui-même où il avait bien pu l’attraper ! D’ailleurs en parlant de lait, il se faisait soif ! Il leva la tête vers le barman et d’un signe lui recommanda la même chose, avant de détourner le regard vers son interlocutrice qui semblait avancer dans son enquête. Apparemment, elle semblait l’avoir cerné, du moins son côté compétiteur, et il se rappelait effectivement d’une jeune fille avec laquelle il était en compétition durant sa scolarité. Pourtant, de là à se souvenir de son nom… Il n’y avait certes qu’un pas, mais que sa mémoire n’était pas en mesure de franchir, après tout, il y en avait eu des noms dans sa mémoire depuis…

Se décidant à être galant un minimum, il ajouta suite à cela :

« - Il me semble avoir souvenir d’une compétition de ce genre, mais cela reste vague. Je vous offre votre prochain verre qui accompagnera la suite de votre investigation ? »

Au fur et à mesure qu’elle l’observait, des bribes de souvenirs lui revenaient petit à petit en mémoire. Mais toujours pas l’identité du jeune homme. Il est vrai que Malvina ne s’était pas gêné pour aborder l’inconnu. Peut-être est-ce à cause de cela qu’il s’était imaginé qu’elle était venue le draguer. Mais au fur et a mesure qu’elle posait ses questions pour le percer à jour, elle vit qu’elle avait touché un point qui avait éveillé de l’intérêt chez le sorcier. Effectivement, Malvina était très observatrice. Elle regardait toujours les yeux, car c’était là, la seule partie du corps qu’on ne pouvait changer pour se cacher. Si on utilisait du polynectar on pouvait certes changer d’apparence et de couleur d’yeux, mais pas l’expression des yeux lorsque l’on vous regarde. Enfin, c’est ce que pensait Malvina en tout cas.

La jeune femme sourit tout de même en voyant l’expression qu’avait adoptée le jeune homme. Qui plus est, il ne la croyait peut-être pas lorsqu’elle lui confirma que ce n’était pas pour le draguer qu’elle était là. Pourtant c’était la pure vérité. Enfin pour le moment tout du moins, après qui pouvait savoir de quoi le futur était fait. Puis il leva la main et redemanda un verre de lait. Malvina, elle, demanda un autre Whisky Pur-Feu car sa gorge s’était reposée depuis le dernier. Elle le bu lentement, histoire de ne pas raviver la petite douleur, même si cela ne lui faisait pas vraiment mal. Le jeune homme finit par prendre la parole, et ce qu’il dit fit sourire la jeune femme.

"Toujours en compétition pour savoir de nous deux qui était le meilleur, histoire de se donner à fond pour le futur. C’est comme cela que je me le rappelle" lâcha t-elle doucement.

"Un autre verre ? Oui, pourquoi pas monsieur…" dit-elle en souriant.

Cette discussion devenait amusante. En effet, pour Aaron était venu le moment de voir ce que cela pouvait faire d’être au centre des investigations, et, pour une fois, de ne pas avoir à poser de questions pour trouver ce qu’il cherchait. L’idée que la jeune femme endosse son rôle pour un moment était plus ou moins distrayant. Cela lui faisait souvent oublier qu’il jouait souvent le rôle du méchant Auror lorsqu’il y avait un interrogatoire. Une technique qui avait fait ses preuves et il est vrai que parfois il devenait vraiment méchant. Plongeant alors son regard dans le verre de lait blanc opaque, il fit un sourire pour lui-même et se décida à en boire une gorgée alors que la jeune femme lui parlait d’une compétition pour savoir qui était le meilleur, un prétexte pour se donner à fond pour le futur. Oui, il avait bien un souvenir comme ça, mais avec qui… Sa sœur serait surement capable de le lui dire, mais elle n’était pas là, et est-ce que cela avait vraiment d’importance ? Reposant son verre de lait, il se tourna vers la jeune femme :

« - J’espère alors que cette compétition a su vous servir, pour ma part je n’en suis pas sûr. »

Petit mensonge, oh le vilain menteur. Bien sur que son métier avait tout d’enviable, après tout les Aurors n’étaient pas aussi célèbres que les joueurs de Quidditch, mais c’était un travail passionnant pour le moins et beaucoup de sorciers rêvaient de faire partie de cette « élite ». Mais il n’avait pas révéler à qui que ce soit sa profession. Cela aurait été indigne de lui, après tout, cette jeune femme était peut-être une ennemie… Qui pouvait vraiment savoir ?

Lorsqu’elle accepta son verre, il fit un signe au barman d’approcher et lui dit :

« - Servez à mademoiselle ce qu’elle désire, c’est pour moi. »

Le barman acquiesça et se tourna vers Malvina pour lui demander ce qu’elle désirait. Une fois la commande passée, il s’éloigna pour la préparer. Aaron quant à lui s’amusait à continuer la discussion.

« - Alors, toujours pas de nom en vue ? »

Des bribes de souvenirs remontaient à la surface, mais pas assez pour que l’identité du jeune homme lui revienne immédiatement. Ce que cela pouvait être agaçant d’avoir le nom sur le bout de la langue, mais que l’on soit incapable de le laisser sortir naturellement. Elle posa son regard sur le jeune homme lorsque celui-ci lui demanda si la compétition lui avait servie, et il avait ajouté que dans son cas, cela ne l’avait pas aidé. Malvina leva les yeux au ciel comme pour réfléchir, puis finit par répondre.

"Oui, on peut dire cela comme ça…" dit-elle sans rien préciser d’autre.

Le fait de travailler dans l’allée des Embrumes ferait une mauvaise impression au jeune homme, et pourrait peut-être lui donner de fausses idées quant aux motivations de la demoiselle. Malvina sourit alors au jeune homme qui venait de lui offrir un verre. Elle regarda le barman et lui commanda alors un autre verre de Whisky Pur-Feu. Une fois la commande effectuée, elle redirigea son attention sur le jeune homme.

"Hum… après mures réflexions, il y en a un qui me vient à l’idée… seulement je n’aimerais pas à avoir à me tromper…" dit-elle en passant son index sur son menton.

Le barman revint alors avec les consommations, et Malvina se saisit donc de son verre et en but une fine gorgée.

"Enfin un prénom me revient…" continua t-elle d’un air détaché, comme si elle chercher le nom ensuite dans ses souvenirs.

Installé tranquillement au comptoir, Aaron attendait doucement que le temps passe et que la jeune femme retrouve peu à peu ses souvenirs. Au pire, si elle ne trouverait pas son nom, ce n’était pas vraiment très grave, ce n’aurait été que la discussion de deux inconnus qui se croisent dans un bar, une chose très classique en somme. Mais nous n’en étions pas là, du moins la jeune demoiselle située à côté de lui ne semblait pas lâcher l’affaire et le jeune Auror était certain qu’elle finirait bien par trouver qui il était. De son côté, il avait quelques idées et des souvenirs remontaient à la surface également, mais à dire vrai, il ne s’y intéressait pas vraiment. Non pas que le nom de celle à côté de lui l’indifférait, mais simplement parce qu’il n’avait pas envie de faire travailler un tant soit peu son cerveau à cet instant précis.

Il lui adressa un léger sourire lorsqu’elle éluda presque sa question concernant l’utilité de cette fameuse compétition. Elle ne semblait pas prête à s’engager sur ce terrain de discussion. Avait-elle quelque chose à cacher ? Peut-être, peut-être pas… Aaron lui non plus n’avait pas envie de parler boulot, c’était possible qu’il en soit de même pour elle. Quand elle en vint à lui dire qu’elle avait peut-être une petite idée derrière la tête concernant son nom, il tourna la tête vers elle, très curieux de savoir si elle voyait juste ou non. Il la regarda boire une gorgée de son Whisky Pur-Feu et finalement rajouter qu’elle ne se souvenait que d’un prénom, du moins pour le moment.

« - C’est déjà un très bon début, et vous pensez à quel prénom ? »

L’instant de vérité était arrivé, il fallait bien voir si la jeune femme avait réussi à trouver dans ses souvenirs le prénom qu’elle cherchait, et s’il s’agissait bien de lui. Car après tout, il se pouvait très bien qu’elle le prenne pour un autre, bien qu’il en doutait un peu.

« - Ne vous inquiétez pas, je ne vous en voudrais pas si vous vous tromper. » rajouta-t-il dans un sourire … charmeur.